8848 mètres ? C’est la hauteur de l’Everest, lieu où se déroule l’action du roman de Silène. Aussi, les tables et les chaises ont été empilées pour laisser la place à un camp de base (comme dans l’histoire !). Silène a donc été accueillie, par des élèves emmitouflés dans des sacs de couchage au milieu de deux tentes. Le décor étant planté, les élèves se sont intéressés à l’histoire du livre. Silène les a fait voyager en évoquant son séjour au Tibet où elle rejoignait sa cousine Marion Chaygneaud-Dupuy (Aurélie dans le livre), qui est la fondatrice de Clear Everest*. Sa présence sur place était nécessaire pour « ressentir » le Tibet, les odeurs, la nourriture afin de « mieux » les mettre dans son histoire. Elle précise que le lecteur est « dans le corps de Mallo, l’héroïne du livre et non dans ses pensées ». Les élèves sont d’accord car en lisant « 8848 mètres », ils ont ressenti le froid, la fatigue, l’effort…
Même si ce roman a un côté documentaire, ce n’est pas ce qu’elle cherchait. Silène veut par ses histoires, « faire voyager pour découvrir autre chose ». Elle ne souhaite pas donner un message frontal, elle fait « des propositions ». « Les ados doivent développer leur libre-arbitre ». Elle a ensuite montré ses très beaux carnets de notes qu’elle remplit avant et pendant l’écriture. Des super documents qui rendent rêveurs les ados ! A 14-15 ans, elle écrivait de la poésie et demande aux élèves si eux aussi écrivent. Ils sont nombreux à le faire. « On peut écrire à tout âge, pour soi, sans être obligé de publier ». Paul, lui dit que c’est après avoir lu « 14-14 » qu’il a eu envie d’écrire une histoire avec le même procédé (paradoxe temporel). Après avoir écrit une centaine de pages, il a tout jeté. « Ça ne fonctionnait pas aussi bien que dans votre livre » se désole-t-il. Silène est très émue par cette déclaration : « Si écrire donne envie d’écrire à d’autres. Je peux continuer à le faire ». Elle rappelle « qu’un livre pas fini, ce n’est pas grave. On le met de côté et on le reprendra ou pas plus tard ». Elle conseille de ne jamais jeter ses écrits.
Silène a fait mille choses pour pouvoir « donner une forme à ce qu’elle avait dans le corps et dans sa tête ». « L’art permet de le faire » dit-elle. Elle a donc fait de la musique (dur le solfège !), de la danse (pas pour elle, le tutu !), le dessin (ça allait techniquement, mais…). Silène n’osait pas aller vers la littérature. "j’aimais trop lire ». Elle ressent le symptôme de l’imposteur.
Après des études de lettres, elle devient professeur de français. Et à 26 ans, son premier livre est publié. « Et ça a marché, les gens ont aimé ce que je faisais ». Silène continue d’écrire, 25/26 livres pour les petits et les grands. Depuis 5 ans, elle a quitté l’Éducation Nationale pour se consacrer à l’écriture. Écrire lui offre une grande liberté. Elle écrit ce qu’elle veut et trouve, ensuite, un éditeur. Elle prend tout ce qui est bon à prendre et est heureuse de rencontrer « plein d’auteurs vivants ». Elle écrit très souvent avec des amis d’écriture, comme Paul Beorn, Cassandra O’Donnell, Nadia Coste… Et aussi avec Gustave, son fidèle ordinateur !
On a vécu un très bon moment avec Silène Edgar. On a rencontré une personne généreuse et franche avec les collégiens. Connaissant ses faiblesses et jouant avec elles avec beaucoup d’humour, Silène avoue que son rêve est « d’être grand-mère et de ne plus travailler ». On lui souhaite de devenir Mamie, mais on espère bien qu’elle écrira encore longtemps.
*Clear Everest : Organisation créée par Marion Chaygneaud-Dupuy qui a pour but de nettoyer l’Everest sur le versant tibétain.
